Vaut-il mieux communiquer par Internet ou bien par des moyens plus traditionnels ?

 

   La transmission de messages et de la parole est un désir naturel de l’homme mais il aura fallu attendre le XVIIIème siècle pour que ce rêve devienne vraiment réalité. Si la découverte de l’imprimerie avec Gutenberg annonçait un nouveau monde, en revanche la vitesse de communication n’évoluait pas sensiblement. Ce n’est qu’avec l’apparition des moyens de transport électromagnétiques de l’information qu’apparaitra un brusque changement d’échelle dans ce domaine. Jusqu’à cet évenement relativement récent, c’est-à-dire pendant des millénaires, cette vitesse de communication est restée, d’une façon générale, celle du coursier ou du coureur le plus rapide. Aujourd’hui, grâce à Internet, la transmission de messages n’est plus qu’une question de secondes…

 

   La communication est donc de nos jours plus que jamais liée à la technologie. Cependant, vaut-il mieux communiquer par Internet ou bien par des moyens plus traditionnels ?

 

   Nous verrons tout d’abord que les moyens de communication liés à Internet se sont dévelopés grâce à l’universalité du réseau téléphonique et ensuite qu’Internet répond bien à la finalité de la communication : l’immédiat.

 

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   Le réseau téléphonique mondial, qu’il relie des postes fixes ou des postes mobiles, constitue à l’heure actuelle, pour reprendre l’expression du sociologue français Alain Gras, le plus important « macrosystème technique » que l’homme ait jamais conçu et construit. Il constitue l’une des bases des autoroutes de la communication, où circulent des informations multimédias. Sa répartition sur la planète est toutefois inégalitaire : on compte plus de téléphones dans la ville de Tokyo que sur tout le continent africain.

 

   Ce moyen de communication qu’est Internet est accessible grâce au téléphone, ou plus précisemment grâce aux lignes téléphoniques (hormis pour les connexions par le cable et le satellite). Communiquer par Internet nécessite donc l’usage d’un moyen de communication traditionnel : le téléphone. Si la « toile » permet donc aujourd’hui de communiquer avec tant de personnes différentes, c’est donc bien grâce à l’universalité du réseau téléphonique. En-effet, si celui n’existait pas, Internet ne serait rien.

 

   Le développement foudroyant d’Internet ne s’est toutefois pas fait de manière uniforme sur la planète. Seuls les habitants des pays riches et industrialisés, ceux qui sont dotés d’une bonne infrastructure téléphonique, ont véritablement accès au réseau. Les pays du tiers-monde en sont aujourd’hui largement exclus. L’accès aux moyens de communication par Internet, mais également au téléphone, constitue donc aujourd’hui une source d’inégalité supplémentaire. A l’intérieur même des pays riches, ce sont les populations les plus aisées qui ont le plus facilement accès aux nouvelles technologies et utilisent ce que l’on appelle les « autoroutes de l’information ». Les nouveaux moyens de comunication ne réduisent pas les inégalités sociales : ils les rendent au contraire plus perceptibles.

 

 

 

   Internet, symbole des technologies modernes, s’accorde avec la finalité de la communication : l’immédiat. Au-delà de ce but, la « toile » se démarque de la communication première :

-         Internet renforce l’attrait vers l’autre, le différent, l’étranger, notamment dans les chats,

-         Il propulse la reconnaissance de l’individu, de sa conscience, à une préoccupation primordiale, source de satisfaction d’être une personne accomplie et réelle.

 

   Ces deux aspects d’Internet mettent en avant une expérience fondamantale : l’attrait pour l’inconnu qui peut fournir une satisfaction personnelle. Cette idée implique la notion de croyance, de la recherche de la vérité intérieure de l’être. A travers ces mécanismes, on peut reconnaître l’expérience du « fascinans tremendum », précepte établi par Rudolph Otto, dans lequel repose toute expérience à caractère religieux. Internet serait-il une nouvelle croyance pour l’homme ? Internet, toute comme une religion, a ses commandements, « la nétiquette », ses codes. Internet procure parfois une dépendance parce que l’usager y trouve une satisfaction personnelle source de plaisir. Internet délaisse la conscience de l’individu de ses reponsabilités, de ses angoisses. Internet fait appel à une mystique.

 

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   Ainsi, la « toile » se veut fusion avec l’absolu de la communication : l’immédiat. Bien plus même, Internet veut dévoiler, faire découvrir la réalité de tout être. Cependant, on peut légitimement penser qu’Internet a ses dangers : le réel sensible est écarté et le retour à la réalité peut être rude.

 

   Cependant, la croissance démesurée  d’Internet laisse des questions en suspens : les pays d’Afrique et d’Asie du sud pourront-ils un jour se joindre au réseau ? Internet deviendra-t-il une place d’échanges commerciaux et financiers ? Si oui, l’esprit coopératif qui a fait son succès survivra-t-il ? Quoi qu’il advienne, comme la faisait remarquer Christian Huitema, ancien président (français) de l’Internet Architecture Board, le World Wide Web restera un exemple d’infrastructure de communication à l’échelle planétaire dont la réalisation n’aura été entreprise ni par des gouvernements d’états puissants ni par de grandes entreprises industrielles et commerciales.

 

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